Le pastel est une plante qu'on pourrait prendre pour une mauvaise herbe alors que pendant trois siècles il a fait la fortune d'une région comprise entre Toulouse, Albi et Carcassonne.
Les feuilles du pastel produisent un bleu exceptionnel en teinture comme en peinture.Cette couleur pouvait aller du bleu très pâle au bleu nuit.
Le pastel [Isatis Tinctoria] fait partie des quatre mille espèces de crucifères, avec le chou, le radis, la moutarde, les giroflées, ou encore la monnaie du pape.
C'est une plante bisannuelle qui ressemble en de nombreux points au colza qui est cultivé de nos jours. Ce sont toutes les deux des crucifères. Elles ont le même port, la même couleur de floraison. Leur cycle végétal étant identique, le mode de culture l'est également.
On sème en août, les plantes qui sont destinées à être conservées pour la graine de semence (ci-dessous, les graines débarassées de leurs siliques).
Autrefois les étoffes bleues étaient particulièrement recherchées. A partir du XVIème siècle le siècle le pastel a servi à colorer en bleu les vêtements de l'Europe entière.
La matière colorante bleue n'existe pas en tant que telle dans les feuilles du pastel. La plante doit être travaillée.
Les feuilles sont entassées au bout des champs, puis empilées sur une charette et amenées jusqu'au ruisseau pour y être lavées. Elles étaient ensuite étendues sur le sol, afin que le soleil les sèche. Il fallait les retourner constamment, jusqu'au complet séchage pour éviter le pourrissement.
La récolte est ensuite transportée au moulin pastelier (représenté sur la photo ci-dessus).
Le moulin pastelier, n'est ni un moulin à vent, ni un moulin à eau. Les feuilles devant être traitées sans délai, on ne pouvait se permettre de subir une baisse des eaux ou une période sans vent. Ces moulins étaient donc mus par la traction animale ou humaine. Il est constitué d'une meule en granit à l'horizontale ou d'un socle en pierre construit à même le sol et d'une meule posée dessus à la verticale. Ces moulins pouvaient servir à moudre diverses graines afin d'obtenir de l'huile.
La pulpe des feuilles était travaillée pendant 6 mois.
Le pastel, une fois écrasé était mis en tas et laissé tel quel, plusieurs semaines, afin de permettre au jus de s'écouler. Par la suite, on formait avec cette macération, les fameuses cocagnes, (c'est une boule ), d'où l'appelation de la région, pays de cocagne. On retrouve aussi cette expression "cocagne" dans le sens de bienheureux, chanceux. Ces coques étaient ensuite acheminées dans des hangars, appelés "agrenoir", et déposées sur des claies, pour parachever le séchage pendant une dizaine de jours.
Les cocagnes sèches, sont émiettées, mélangées à de.........l'eau croupie ainsi qu'à de......l'urine et remuées pendant plusieurs mois, jusqu'à une complete déshydratation. Il résultait de ce mélange, une fermentation qui éliminait le sucre contenue dans le feuillage et libérait ainsi le colorant. Inutile de préciser que l'odeur qui s'en exalait, était infecte. Cette pate une fois sèche était réduite en poudre et conservée ainsi jusqu'à l'utilisation pour la teinture.
Pour en arriver là, il s'est passé une alchimie compliquée.
Bien que le pastel occitan était considéré comme le meilleur d'Europe
une autre plante tinctoriale, l'Indigo provenant des Indes, vient détroner le pastel. L'indigo, possède beaucoup plus de matière colorante pour un coût moindre.
DE NOS JOURS on revoit des champs de pastel dans le GERS à Lectoure.
L'entreprise "Bleus de pastel de Lectoure" développe un projet de remise en valeur du pastel portant sur : la culture du pastel, l'extraction et la production d'un pigment pur à l'usage des Beaux-arts et de l'industrie textile, et la fabrication d'une gamme de produits ennoblis par ce pigment.
Le " bleu charette", c'est le bleu authentique que l'on voyait partout utilisé sur le bois pour son pouvoir répulsif sur les insectes.